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Mes déboires d’élevage à la main…


C'est dans le courant de l'année 96 que je me suis décidé à acheter 2 couples d'Omnicolores.
Fort de mon expérience grandissante avec les Agapornis je pensais pouvoir réussir avec cette espèce australienne dite facile.
Donc au début du printemps 97, fébrile et plein d’espoir, je posais mes 4 nids. (2 dans chaque volière)
QUINZE jours plus tard les premiers oeufs apparaissaient.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris la présence de 10 oeufs dans un nid et huit dans l'autre.
L'enthousiasme passé, les doutes apparurent. Les nids n'étaient pas prévus pour une telle colonie... d'une dimension de 25cm de base ils ne pouvaient convenir à ce surnombre.
Je savais, par expérience, que la première ponte amenait bien souvent des oeufs clairs. J’attendais impatiemment la suite des évènements !
Mais au bout de 3 semaines les 10 petits naquirent. Que faire ?
Je pris contact avec différents éleveurs et la solution qui revenait le plus souvent était l'élevage à la main.
Il y avait évidemment urgence...
La décision fut prise de prélever les 4 plus petits poussins et de les élever à la main.
Aussitôt dit... mais comment faire pour la nourriture et pour la température ?


J'avais commencé la construction d'une couveuse durant l'hiver, elle fut achevée en hâte. De construction en bois mélaminé, elle est recouverte de polystyrène épais pour l'isolation, et est équipée de 2 thermostats qui commandent les 2 systèmes de chauffe (ampoule et fil chauffant).
Elle fut mise en place et programmée pour une température de 28°C, les petits grandissaient... il y avait vraiment urgence.
Etant novice dans la manière d’élever les petits à la main, j’ai contacté à nouveau plusieurs éleveurs.
Suivant leurs conseils j'achetais de la pâtée ‘A21’ de chez ‘Verselle laga’ et une seringue (en) pvc démontable à joint (stérilisable).


Les 4 petits furent mis dans la couveuse à une température de 28°c, ils n'avaient pas les yeux ouverts et leur taille ne dépassait pas la taille d’une pièce de 5 francs, il y avait du travail...
Ils furent mis dans un récipient en pvc dont l'intérieur était tapissé d'un tissu chaud recouvert d'une bonne épaisseur de papier d'essuyage ménager pour les déjections.
La seringue fut équipée d'un petit embout en silicone (durite d'essence modélisme) d'une longueur d'environ 5 cm.
La pâtée fut préparée comme la documentation jointe le préconisait, bien mélangée à de l'eau minérale pour obtenir une consistance très liquide.
Elle fut mise à chauffer dans un chauffe-biberon.
Le premier petit fut sorti et mis sur du papier d'essuyage.
La distribution commença et après quelques déboires il ingurgita une bonne quantité de pâtée.
Il fut remis rapidement au chaud avec un jabot bien plein.
Un nettoyage à sec assez important fut nécessaire vu le peu d'expérience de l'oiseau et …. du soigneur.
Je ne tubai pas les oiseaux comme font certains. Je déposai juste l’embout au bord du bec en tenant, sans serrer, la tête en position haute. Evidemment les oisillons au début ont eu un mouvement de recul, mais après plusieurs tentatives la technique s'avéra payante.
J'ai aussi exercé un mouvement saccadé comme font les parents, ce qui a pour effet d'inciter les jeunes à avaler.
Les nourrissages se sont poursuivis toutes les 2 heures, de 6h du matin jusqu'a 20 heures.
Les oisillons ont vite poussé ce qui nous a bien réconfortés. Ils ont été bagués avec 4 jours de retard par rapport à leurs frères et sœurs élevés par leurs parents.
La température fut descendue d'un degré par semaine.
J'ai respecté une règle fondamentale de ne pas re-nourrir un oisillon qui a encore de la nourriture dans le jabot.
Il faut veiller aussi à une hygiène irréprochable: stérilisation à chaque utilisation de tout le matériel (seringue, embout, récipient, cuillerée...), changer à chaque fois le papier ménager et nettoyer les oisillons car la pâtée sèche et elle forme une croûte très difficile à extraire par la suite.
Le nettoyage des oiseaux s'effectua à l'aide de papier ménager humidifié si nécessaire.


Progressivement les petits ont poussé, la distribution de nourriture a été diminuée en fréquence et augmentée en quantité pour arriver à 3 distributions quotidiennes.
Les petits ont mis leurs plumes normalement, ils ont été mis dans une éleveuse à température ambiante et nous avons mis à leur disposition de l’eau, quelques graines, du millet en grappe et des quartiers de pommes.
Dans un premier temps ils n’ont rien touché, puis nous leur avons tendu régulièrement les quartiers de pomme qu’ils ont finis par croquer.
A chaque fin de nourrissage, ils étaient mis sur un perchoir posé sur leur cage où nous leur donnions leurs morceaux de pomme.
Cette technique, à mon avis, devait permettre de récompenser l’oiseau dans son éducation future…
Ils ont commencé à décortiquer le millet, plus par jeu que par nécessité puis, ils ont goûté aux graines ; à ce moment-là, nous avons diminué fortement leur nourrissage.
Ils volaient déjà depuis longtemps et les séances de nourrissage étaient pour eux une grande fête.
Evidemment il fallait veiller à fermer toutes portes et fenêtres et à ne pas avoir de source de chaleur à leur portée.
Les 4 oisillons étaient devenus de belles perruches omnicolores. Nous avons pu faire la comparaison avec les 6 autres petits élevés par leurs parents : les petits élevés par nos soins étaient plus gros, mais surtout plus intenses dans leurs couleurs que ceux élevés par leurs parents.
L’opération fut très intéressante, mais je tiens à le rappeler, nous avons été obligés de le faire.
Ce ne sont pas des oiseaux aussi réceptifs que peuvent l’être les Cacatoès, gris ou amazones, mais ce sont des oiseaux très colorés.
Les 4 petits sont partis chez un magicien qui les ‘utilise’ avec satisfaction, dans ses spectacles.



En Septembre 2001, un ami devant s’absenter pour une durée de 4 jours, me demanda de soigner ses 4 jeunes gris du Gabon âgés de 4 semaines.
Mon ami me fournit son éleveuse réglée à 26°C et il me précisa que le nourrissage n’était effectué que deux fois par jour. Il me fournit aussi sa seringue avec son embout métallique à bout rond. La pâtée qu’il me donna était de chez ‘Etienne Brunet’, d’une consistance plus fine que l’ ‘A21’ et de couleur brun clair.
Les gris étaient bien sûr beaucoup plus gros que mes Omnicolores, mais cela me ferait une nouvelle expérience.
Il va sans dire que c’était une lourde responsabilité.
Donc le lendemain matin vers 5 heures, je stérilisai tout le matériel, je préparai la pâtée, toujours suivant les habitudes et les consignes de mon ami, et je montai la seringue.
Le premier petit fut d’abord pesé puis mis sur du papier d’essuyage ménager et la distribution commença.
Le petit avalait très bien avec un appétit convaincant, quand tout à coup, l’embout se désolidarisa de la seringue et devant mes yeux horrifiés, le petit avala l’embout
Horreur, cet embout métallique d’une longueur de 5 centimètres, de la grosseur d’une allumette était maintenant visible dans le jabot de l’oisillon, que faire ?
Passé un instant de panique, je décidai de faire remonter l’embout, délicatement, sans forcer. Après plusieurs tentatives, l’embout remonta doucement et ressortit par le bec du petit qui eût un mouvement de vomissement.
Ouf ! …le pire était passé.
Je remplis à nouveau ma seringue, fixai avec fermeté mon embout et à ma grande surprise le petit continua comme si de rien n’était à manger goulûment.
J’ai quand même eu peur d’avoir abîmé le jabot ou l’œsophage du petit.
Malgré mes précautions, il y avait un risque.
Je finissais donc le nourrissage des autres petits et remettais tout ce joli monde en couveuse en surveillant le malheureux.
Je décidais de modifier l’embout en fixant une butée (rondelle inox) à l’aide d’un collier en pvc.
Cet embout se fixant à la seringue par pression et non par vissage me semblait plus sécurisant.
Le soir, après la pesée, tout le monde mangea.
Le petit n’avait apparemment aucune séquelle, les 4 petits prenaient du poids, tout allait bien.
Mon embout n’était pas très esthétique, mais c’était fonctionnel. Je rendis les 4 oisillons à leur propriétaire, ils avaient tous pris en moyenne 20grs par jour : mission accomplie.
Après discussions avec d’autres éleveurs, j’appris que je ne fus pas le seul à qui cela arriva : un éleveur eût le même problème à la différence que ce fut avec un embout en silicone (souple) et que le petit dut être opéré.



Je raconte cette malheureuse expérience, même si elle n’est pas très louable, afin d’éviter les mêmes erreurs à d’éventuelles personnes qui se lanceraient dans le nourrissage à la main.
Cette pratique s’avérant assez délicate et difficile, il vaut mieux se reposer sur l’expérience de personnes confirmées, plutôt que de commettre de graves erreurs dont les oiseaux pâtiraient.

Marc

 

 

 

 

 

 

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